Vous rêvez de visiter
les profondeurs abyssales des océans ? Le froid et l'obscurité qui
y règnent exercent sur vous une fascination étonnante ? Vous êtes
curieux de savoir à quoi ressemblent les créatures monstrueuses qui
évoluent dans les grandes profondeurs ? Vous vous êtes toujours
demandé à quoi ressemble la vie lorsqu'on est condamné à la
promiscuité avec des individus psychologiquement « endommagés »
dans une station extrêmement glauque ? Alors Starfish de
Peter Watts est fait pour vous.
La société humaine a
besoin de toujours plus d'énergie. Une énorme firme entreprend donc
d'exploiter l'énergie géothermique sur les failles qui parcourent les
fonds des océans. Cependant, cette exploitation nécessite l'envoi
d'un personnel très spécifique. La firme en question sélectionne
donc des individus au sein de la population et les modifie. Elle les
façonne afin qu'ils puissent supporter les conditions d'existence en
grande profondeur : elle les dote d'un second système respiratoire,
non-aérien, et modifie profondément leur physiologie. Une fois ces
changements appliqués, les ouvriers sont envoyés dans les stations
sous-marines dispersées au fonds des océans du monde entier. Lenie
Clarke est quant à elle envoyée sur la station Beebe. Bien vite, elle se rend
compte que ses collègues sont, tout comme elle, psychologiquement
endommagés. Et au fil du récit, elle ira de surprises en surprises. Et ces surprises finiront même par représenter une menace pour l'humanité tout entière.
Il m'a fallu beaucoup
d'efforts pour terminer la lecture de ce roman. Je me suis ennuyé en lisant les
trois quarts de ce livre. La raison de cet ennui ? Watts s'appuie
avant tout sur la psychologie de ses personnages. Or, j'ai le
sentiment que ce n'est pas ce pour quoi il est le meilleur. Il
s'appesantit sur les psychoses et les névroses de ses personnages
sans que cela soit palpitant le moins du monde. On a le sentiment que son récit ne se
prête pas à ce genre de développement. On attend qu'il nous fasse
visiter le fond des océans, qu'il nous fasse rencontrer les
prédateurs hideux qui séjournent dans ces profondeurs, qu'il nous
explique comment se développe la vie à ces profondeurs. C'est
lorsqu'il développe ces points que Peter Watts est vraiment bon. Or,
avec Starfish il semble qu'il a décidé de ne nous proposer qu'un roman
psychologique. Malheureusement, je pense que Watts n'est pas doué
pour ça et même qu'il a tendance à sombrer dans le psychologisme.
D'ailleurs, lorsqu'il décide enfin de cesser de s'appesantir sur la
psychologie torturée de ses personnages, autrement dit dans la
dernière partie du roman, l'auteur déploie quelque chose
d'excellent. Il y a une véritable rupture avec le reste du roman car
il introduit à ce moment les éléments de hard SF
les plus intéressants. On en vient à se demander ce qui l'a empêché
de distiller la masse d'informations passionnantes qu'il nous livre dans le reste du récit, au goutte à goutte, plutôt que de nous livrer un paquet indigeste à la
fin de son histoire.
On l'aura compris, j'ai
trouvé ce roman passablement médiocre. Les descriptions interminables des tourments psychologiques des protagonistes de Starfish m'est
passé au-dessus de la tête, non parce que les récits centrés sur
la psychologie de leurs personnages ne sont pas à mon goût, bien au contraire. Je pense
simplement que le cadre ne se prêtait pas à ce genre d'intrigue et, surtout,
que Peter Watts n'a aucun talent dans le domaine de la narration psychologique.
Il échoue dans sa mise en scène. L'auteur est pourtant passionnant lorsqu'il parle de l'océan (qu'il connaît parfaitement) et il devient
insipide lorsqu'il s'aventure maladroitement sur le terrain de la
psychologie. J'ai été passionné par la fin du roman, mais
seulement par la fin. On est loin, très loin, de l'écriture d'un
Greg Egan qui sait être à la fois passionnant et enrichissant sur
tous les terrains, y compris celui de la psychologie. Ceci laisse
penser que l'œuvre de Watts aurait peut-être été beaucoup plus
agréable si il s'était contenté de la laisser à l'état de
nouvelle.
Peter Watts, Starfish,
Fleuve Noir, Pocket, 2010.
Il vient de descendre de quelques crans dans ma liste à lire.
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