Au trente-et-unième
millénaire, l'Humanité est gouvernée par l'Empereur, un monarque
dont la puissance semble infinie. Grâce aux expériences génétiques
qu'il a mené, l'Empereur et s'est doté de fils surpuissants : les
primarques. A la tête d'armées innombrables et de légions de
guerriers aux capacités génétiquement augmentées, l'Empereur de
l'Humanité et ses fils ont conquis plus d'un millier de mondes.
L'Imperium est alors à l'apogée de sa grandeur. Cependant, le
souverain décide subitement de déléguer le commandement suprême
de ses armées à son fils favori, Horus, et de retourner sur Terra,
la planète-mère et le berceau de l'Humanité. Troublé de ce
revirement, Horus doit donc assumer la charge de Maître de Guerre.
Sans s'en douter, l'Empereur déclenche ainsi les prémisses des
évènements qui mèneront l'Imperium de l'Humanité vers les
ténèbres sinistre d'un âge à venir où l'univers ne connaîtra
que la guerre et où l'Humanité devra mener un combat permanent pour
sa survie face à la menace d'abominations dont elle ne soupçonnait
pas l'existence.
Trois des meilleurs
auteurs œuvrant pour le compte de la Black Library (Game Workshop)
se sont alliés pour ouvrir la saga de l'Hérésie d'Horus : Dan
Abnett signe L'ascension d'Horus, Graham McNeill lui succède avec
Les faux dieux et Ben Counter couronne la trilogie avec l'excellent
La Galaxie en flammes. Certes on a pas affaire à de la grande
littérature, avec des jeux de style recherchés et des enjeux d'une
profonde subtilité. Mais il s'agit pourtant d'une saga épique, qui
arrive à dépeindre de manière assez convaincante une tragédie
universelle apte à tenir en haleine le lecteur habituellement
exigeant que je suis.
L'impression d'harmonie
qu'on éprouve en entrant dans la saga est vite ébranlée. On se
rend compte que les relations entre primarques ne sont pas ce qu'il
y a de plus paisible. Les divisions entre les fils de l'Empereur sont
nombreuses et leur cohésion n'est qu'une apparence fragile qui
menace de voler en éclats à chaque instant. Beaucoup de ses frères
voient d'un mauvais œil l'ascension d'Horus au rang de commandant
suprême des armées de l'Imperium et ce dernier doit donc
continuellement affirmer sa légitimité. Là où l'on s'attendrait à
trouver un surhomme plein de certitudes, on a donc affaire à un
Maître de Guerre plein de doutes. Cette faille dans le mécanisme de
l'Imperium n'a pas échappé aux forces obscures qui patientaient
depuis des millénaires au sein de la dimension chaotique du Warp,
attendant l'occasion de pousser l'Humanité vers sa chute.
Car le paysage que
décrivent les trois auteurs est celui d'une humanité très sur
d'elle même et qui contemple l'univers d'un point de vue résolument
scientiste. L'Empereur s'efforce d'écarter de l'humanité le spectre
de la superstition. Il n'y a pas d'arrière-monde et il n'y a pas de
dieux. Seulex les sciences sont à même d'expliquer l'univers.
Néanmoins, lorsque sur le champs de bataille certains Astartes (les
guerriers génétiquement modifiés qui constituent l'élite de
l'armée de l'Empereur) se retrouvent confronté aux effet monstrueux
du Warp sur certains de leurs frères, leurs certitudes vacillent.
Qui plus est, la superstition est attachée au cœur des hommes et le
besoin de réconfort les poussent à rechercher une figure divine à
révérer. Par conséquent, au cœur même de la Grande Croisade, et
malgré la doctrine rationaliste en vigueur au sein de forces de
l'Imperium, un mystérieux culte de l'Empereur-Dieu se développe
sous le nom de Lectio Divinatus.
D'autres cultes existent
cependant, et cela même sur des mondes conquis par l'Imperium. La
tragédie débutera au moment où l'un des plus sombres de ces cultes
jouera un rôle prépondérant lorsque le Maître de Guerre sera
blessé par une arme mystérieuse au cours d'une bataille visant à
réprimer une rébellion. Trompé par un traître et par les sombres
puissances résidant dans le Warp, Horus tentera de conjurer un futur
que sa rébellion contre l'Empereur se chargera justement de
réaliser. Tel Œdipe qui réalise précisément (en pensant
l'éviter) la prophétie qui prédit qu'il tuera son père et
épousera sa mère, Horus, trompé par les forces du Warp, se dirige
inéluctablement vers le futur fait de ténèbres qu'il s'efforce
d'éviter. Et même si Magnus, l'un de ses frères primarques, a
entrevue la supercherie et tente à l'aide de pouvoirs interdits de
ramener Horus à la raison, rien ne pourra empêcher la tragédie de
s'accomplir. Avec La galaxie en flammes, Ben Counter portera le drame
jusqu'à son apogée, dans un feu d'artifice de batailles héroïques
et de trahisons cosmiques.
On l'aura compris, la
lecture de cette trilogie m'a passionné. Si la qualité littéraire
des œuvres laisse parfois à désirer, elle ne réussit pas à
altérer le plaisir que l'on prend à voir se déplier inexorablement
la tragédie de la trahison d'Horus sous nos yeux. Les évènements
tragiques dont l'univers de Warhammer 40000 est le théâtre dans ces
trois romans confirment qu'il est l'un des univers les plus
prometteurs de la science fiction contemporaine. Dan Abnett, Graham
McNeill et Ben Counter arrivent brillamment à articuler leurs œuvres
respectives et à proposer une vision cohérente de l'univers
guerrier auquel ils apportent chacun leur touche personnel.
L'ensemble produit un effet détonnant et donne envie de se jeter
sans attendre sur le reste de la saga.
Pour aller plus loin :
On lira avec profit l'excellent billet de notre ami le Traqueur Stellaire, Que lire de l'Hérésie d'Horus ?, où il donne un bon aperçu des opus indispensables de la saga en question.