dimanche 24 mars 2013

Du caractère névrotique de l'espérance #1

Illustration du caractère névrotique de l'espérance

« Affirmer le caractère névrotique de l'espérance peut certes sembler paradoxal : puisqu'on tient généralement celle-ci pour une vertu, c'est-à-dire une force. Pourtant il n'est pas de force plus douteuse que l'espérance. (…) Tout ce qui ressemble à de l'espoir, à de l'attente, constitue en effet un vice, soit un défaut de force, une défaillance, une faiblesse, – un signe que l'exercice de la vie ne va plus de soi, se trouve en position attaquée et compromise. Un signe que le goût de vivre fait défaut et que la poursuite de la vie doit dorénavant s'appuyer sur une force substitutive : non plus sur le goût de vivre la vie que l'on vit, mais sur l'attrait d'une vie autre et améliorée que nul ne vivra jamais. L'homme de l'espoir est un homme à bout de ressources et d'arguments, un homme vidé, littéralement « épuisé » (…). »

Clément Rosset, La force majeure (p. 28)

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